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Le « numérique » et l'« argentique »
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Le "fétichisme" perdu de la photo argentique

Le « numérique » et l'« argentique »

La tendance en ce début d’année 2007 et dans le milieu professionnel, semble être au retour à l’argentique . Cela me paraît reposer sur une idée à mon sens inexacte; « le numérique » n’offrirait pas une qualité d’image équivalente à celle des photos argentiques. Depuis l’apparition des photos numériques je n’ai cessé d’entendre qu’elles ne possédaient pas les qualités de couleur et de profondeur des images argentiques. Mais tous les avantages pratiques du numérique eurent jusqu’à maintenant raison de cela.
Au plan personnel, l’évolution des exigences de la clientèle m’obligea la première fois à m’équiper d’un matériel permettant d’obtenir des fichiers de 6 millions de pixels à partir d’un capteur 24x15mm. Je destinais alors ce matériel notamment en raison de la taille du capteur, à du travail de reportage courant n’exigeant spécialement pas une qualité d’image particulière. Puis j'eu depuis l’occasion de tester ce matériel pour d’autres travaux. Ainsi et notamment pour les prises de vue d’architecture que je réalisais en 6x9 et 4x5 inchs dans les années 90. Au début je fournissais des fichiers que je garantissais pour des tirages 18x24. Je m’aperçus ensuite que la qualité d’image restait irréprochable en A4. Et lorsque je dus fournir des fichiers A3 je me rendis compte que les images restaient toujours parfaites, et même d’une netteté étonnante comparée aux images argentiques réalisées en 4,5x6, format pourtant bien supérieur aux capteurs et que j’avais adopté ces dernières années. L’occasion m’a ensuite été donnée de réaliser des images pour des agrandissements 50x60cm en vue d’exposition. Je procédais bien entendu à des tests préalables. Le résultat fut excellent.
Après m'être équipé d'un matériel supérieur mais du même format de capteur, j’ai procédé à des essais jugés "à l'écran" et qui me permettent de penser que les fichiers devraient permettre des agrandissements d'au moins 1,5 m² sans aucune dégradation visible de l'image.
Tout cela est bien différent de ce que l'on entend dans le milieu professionnel en ce début d'année 2007.
Mais il se trouve que j’ai acquis une pratique de la retouche numérique sur Photosop depuis 98 ainsi qu'une connaissance théorique à partir de manuels pour des cours de formations que je donnais entre 2000 et 2004. J'ai également du ré acquérir des connaissances en physique afférentes à la photographie ( lumière et couleurs, optique géométrique) pour les besoins d’un cours de photographie que j’ai dispensé pendant 5 ans et à raison de quelques heures par semaines en enseignement privé. Tout cela m’a permis d'avoir aujourd’hui une maîtrise suffisante de l'ensemble pour optimiser au mieux mes images numériques…
J'ai evidemment été obligé, malgré tout cela et par la suite, de m'équiper d'un matériel plus performant...

Je me rend compte maintenant que la photo numérique exige en fait une démarche différente de celle de la photo argentique. En effet, en argentique, tout le savoir-faire du photographe (l’ « art » au sens premier du terme) se situe exclusivement à la prise de vue. Une fois exposée, l’image est « terminée ». Il ne reste plus pour obtenir le résultat que les opérations quasi automatiques du développement.
Au plan professionnel, il en est autrement de l’image numérique. La photo doit être prise non pas dans l’optique de réaliser tout de suite une « bonne image », mais d’obtenir un fichier contenant toutes les informations à partir des quelles on pourra aboutir à l’image voulue. Une fois la prise de vue effectuée, la photo  n’est donc pas « terminée ». Il reste une deuxième étape : la gestion numérique de l’image, la « retouche » incluant la « chromie » et le réglage de la répartition des luminosités, ainsi et éventuellement que la gestion de la taille et de la netteté en fonction de la taille d’utilisation... Sachant cela, toute personne pensant obtenir la photo voulue « au sortir » de l’appareil photo ne pourra qu’être déçue. Seul le non professionnel utilisant un appareil « grand public » prenant en charge automatiquement la gestion informatique de l’image peut obtenir tout de suite une image correcte selon ses critères (images souvenir en petit format); mais ces images sont évidemment approximatives et non optimums, donc inutilisables professionnellement.

Ainsi les habitudes professionnelles des générations auxquelles j’appartiens, ne sont-elles pas (encore ?) adapté à la photo numérique. Et c’est à mon sens ce qui explique cette mauvaise réputation du numérique et le retour (probablement provisoire) à l’argentique.

GG - 19/03/07 - Copyright